[acc-cca-l] Séminaire Genre(s) et méthodes, 27 janvier - Les pratiques écoféministes: enjeux méthodologiques et épistémologiques

Dorval, Justine dorval.justine at courrier.uqam.ca
Mon Jan 16 07:34:47 MST 2023


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Troisième séminaire Genre(s) et méthodes (GEM) de l'année 2022-2023

27 janvier 2023, 9h-12h (15h-18h à Paris)- Uniquement en ligne à Paris, en hybride à Montréal

Les pratiques écoféministes: enjeux méthodologiques et épistémologiques

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Chères et chers collègues,

Nous sommes très heureuses de continuer le cycle de séminaires Genre(s) et méthodes (GEM), co-organisé par le CRICIS et le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France), qui a débuté à l'hiver 2021.

Le troisième séminaire de l'année 2022-2023 aura lieu le vendredi 27 janvier entre 9h et 12h (15h à 18h à Paris), sous le titre Les pratiques écoféministes: enjeux méthodologiques et épistémologiques. Il sera possible d'assister au séminaire sur zoom et également en présentiel à Montréal uniquement (lieu à déterminer à l'UQAM).

N'oubliez pas de vous inscrire en écrivant à cricis at uqam.ca<mailto:cricis at uqam.ca> (en indiquant si vous serez en Zoom ou en présentiel à Montréal). Un lien vous sera envoyé la veille du séminaire. Le séminaire est gratuit et ouvert à toutes et tous!

À cette occasion, nous accueillerons :

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Geneviève Pruvost<https://cems.ehess.fr/membres/genevieve-pruvost>, directrice de recherche au CNRS, sociologue du travail et du genre au Centre d'études des mouvements sociaux

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Marie-Anne Casselot<https://marieannecasselot.com/>, doctorante en philosophie féministe à l’Université Laval.


Résumés des communications:

Geneviève Pruvost : L'observation à la loupe du genre de la fabrique quotidienne. Approches écoféministes

Fin des sociétés paysannes, cuisines équipées, bétonisation des terres arables, effacement des savoir-faire et cosmogonies autochtones, ignorance des rythmes du monde vivant… Ces phénomènes divers que l’on apprend aujourd’hui à déplorer sont bel et bien liés, nous disent depuis un demi-siècle des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle. C’est à leurs pensées, méconnues en France, ainsi qu’aux leçons existentielles et politiques qu’il convient d’en tirer, qu’est consacré cet ouvrage. L’auteure explore les alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines pour démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique fondateur.

Sans politique du quotidien, sans reconstruction collective et radicale de notre subsistance, il n’y aura pas de société égalitaire ni écologique. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la généralisation du salariat qui a permis d’accéder à la société de consommation et au confort appareillé, mais le colonialisme et le travail domestique féminin. Une autre organisation politique de la vie et des rapports à la nature est possible. À condition d’être redistribué, ancré dans une communauté en prise avec un biotope et des usages, le travail de subsistance ainsi repensé devient un facteur d’émancipation. La fabrique du quotidien apparaît alors pour ce qu’elle est : un enjeu révolutionnaire.

Marie-Anne Casselot: Les écoféminismes : des méthodologies militantes et multidisciplinaires

Les écoféminismes sont avant tout un ensemble des mouvements militants dénonçant les conséquences aggravées de la crise climatique sur les femmes, les personnes racisées, les animaux et les écosystèmes. Ils travaillent à faire reconnaître les effets délétères du développement et de l’industrialisation sur les modes de vie des populations des Suds et leur subsistance. Les mouvements écoféministes mettent en lumière l’interconnexion entre les systèmes d’oppression en s’inscrivant dans les luttes pour la justice environnementale, et en solidarité avec celles pour la décolonisation des populations afrodescendantes et autochtones. En ce sens, les écoféminismes sont radicalement intersectionnels.

Dans la constellation écoféministe existe également des lectures antimodernes de l’histoire occidentale : c’est-à-dire une forte critique du cartésianisme et de la vision mécaniste de la nature chez Carolyn Merchant, ainsi qu’une déconstruction du dualisme philosophique et de la « logique du maître » chez Val Plumwood. Ces écoféministes montrent que l’association entre les femmes et la nature a permis une naturalisation des femmes et féminisation de la nature dans la vision cartésienne et mécaniste du monde moderne. Ces deux entités ont été perçues comme exploitables, ce qui a servi de justification pour leur asservissement.

Bien que la volonté de « dénaturaliser » des femmes propres aux féministes de la deuxième vague fût nécessaire pour faire reconnaître la subjectivité et la citoyenneté de ces dernières, cela a également reconduit une coupure entre les êtres humains et le monde vivant propre à la vision mécaniste de la nature. Par conséquent, les différentes postures écoféministes contemporaines opèrent un geste de reclaim, selon le terme d’Émilie Hache, de l’association entre les femmes et la nature, ce qui est à la fois une réhabilitation et une réappropriation de quelque chose de détruit et de dévalorisé (Hache, Reclaim, p.23). Elles travaillent en effet à faire reconnaître l’interdépendance des êtres humains avec leurs écosystèmes, les animaux et entre eux.

Parallèlement, les écoféminismes partagent avec les éthiques du care une vision d’un prendre soin global et local qui conçoit les êtres humains comme étant plongés dans des relations complexes d’interdépendance avec leurs écosystèmes. De cette vision du monde découle une responsabilité éthique et politique à agir pour le bien-être collectif actuel et futur.

En somme, quels sont les principaux angles des analyses écoféministes ? En tant que mouvement féministe pluriel, il est impossible d’établir une méthodologie unique aux écoféminismes bien que celles-ci entrecroisent plusieurs approches provenant de luttes militantes et de branches théoriques variées. La présentation tâchera de tracer les lignes directrices des méthodologies multidisciplinaires proprement écoféministes.


À propos des intervenantes

Médaille de bronze au CNRS, Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre au Centre d'études des mouvements sociaux (EHESS). Elle a notamment publié avec Coline Cardi, Penser la violence des femmes (2012). Ses recherches portent depuis dix ans sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Son dernier livre s'intitule Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance (La Découverte, 2021).

Marie-Anne Casselot est doctorante en philosophie féministe à l’Université Laval. Elle a co-dirigé l’ouvrage Faire partie du monde : Réflexions écoféministes aux Éditions du Remue-ménage en 2017. Elle est également chargée de cours dans plusieurs universités québécoises ainsi que travailleuse autonome dans des organismes culturels et féministes.


Syllabus du séminaire

Co-organisé par le LabSIC (Laboratoire des Sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Paris Nord, France) et le CRICIS (Centre interuniversitaire sur la communication, l’information et la société, Québec, Canada), le séminaire Genre(s) et méthodes (GEM) s’attache à étudier les questions féministes, intersectionnelles et de genre(s) en termes de méthodes, méthodologies et épistémologies. Concept transdisciplinaire fluide et non figé, le genre – ou les genres, pour échapper à un fonctionnement social binaire – a fait l’objet de travaux qui, en proposant un décentrement radical, ont transformé le paysage des sciences sociales et humaines tout au long du XXe siècle. Ce séminaire a pour objectif de proposer un espace pour discuter des apports de ces études à la pratique scientifique. Nous y discutons des façons de faire de la recherche lorsqu’on travaille sur le(s) genre(s), de ses / leurs articulations avec d’autres formes de minoration, et du pouvoir critique de cet outil pour désessentialiser le monde social. Cherchant à soustraire la réflexion à la pensée universaliste, nous y décentrons les regards pour aborder les questions de luttes, de résistances, à l’exemple de celles de corps racisés qui subissent différents rapports de domination. Nous réfléchissons à la façon dont sont opérés les décentrements des concepts et aux démarches mises en œuvre pour déconstruire les normes dominantes sur les identités de genre, les sexualités et d’autres rapports de pouvoir comme la classe ou la race. Pluriels, les questionnements portent sur la capacité à penser le positionnement de la chercheuse ou du chercheur, son engagement, sa subjectivité, le dévoilement de biais en termes de production ou d’interprétation de données, la réflexivité sur ces biais en tant que ressources heuristiques, épistémiques ou politiques, les questions éthiques soulevées par des objets perçus comme impurs, ou encore l’historiographie ou l’analyse du caractère genré d’un objet ou d’un dispositif d’enquête… Il s’avère pertinent de mettre au jour et d’analyser les façons dont le(s) genre(s) – ainsi que les concepts qui lui / leur sont rattaché(s) – sont travaillés et reconstruits par le terrain… Enfin, cet espace de dialogue a aussi pour vocation d’interroger la possible singularité des méthodes, méthodologies et épistémologies des approches par le genre et des études féministes et intersectionnelles. Ce séminaire met en lumière des travaux s’inscrivant dans les champs des médias et de la communication, et plus largement en sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, anthropologie, sciences politiques ou philosophie…).

Au plaisir de vous y retrouver!

Hélène Bourdeloie, Lena Hübner et Justine Dorval
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