[acc-cca-l] Appel à contributions - Les groupes minoritaires et/ou marginalisés à l'ère numérique

Vincent Raynauld vincent_raynauld at emerson.edu
Tue Oct 9 15:40:45 MDT 2018


Bonjour à toutes et à tous,

Veuillez trouver ci-bas un appel à contributions pour un numéro thématique
de la revue scientifique *Terminal: Technologies de l'information, culture
et société* intitulé « Les groupes minoritaires et/ou marginalisés à l’ère
numérique : pratiques de mobilisation, changements socio-politiques et
transformations identitaires ». Tous les détails concernant cet appel à
contribution se trouvent également sur le site Internet suivant:
https://journals.openedition.org/terminal/3075. La date butoir pour l'envoi
de propositions d'articles est le 15 janvier 2019.

N'hésitez pas à contacter Emmanuelle Richez (emmanuelle.richez at uwindsor.ca),
Stéphanie Wojcik (stephanie.wojcik at u-pec.fr) ou Vincent Raynauld (
vincent_raynauld at emerson.edu) si vous avez des questions concernant cet
appel à contributions.

Emmanuelle, Stéphanie et Vincent

--
Argument et problématique
<https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom1n1>

La dernière décennie a été marquée par un investissement croissant, à
l’échelle internationale, des médias socionumériques par des groupes
minoritaires et/ou marginalisés dans les espaces politiques et médiatiques
dominants à des fins d’information et de mobilisation publiques (Raynauld,
Richez et al., 2018 ; Nemer, 2016). Ces groupes comprennent généralement
des individus se trouvant dans des situations d’inégalités sociales ou
politiques en raison de leur appartenance volontaire ou involontaire à des
communautés ou constituant des réseaux et qui sont perçus de manière
négative par la culture dominante (Coe, Bruce et al., 2017 ; Williams,
1998). De tels groupes utilisent ces médias afin de faire connaître ou
avancer leur cause, recruter et mobiliser leurs alliés, gagner la faveur
des publics et de l’agenda politico-médiatique ainsi que, dans certains
cas, influencer directement les décisions politiques. Sur la scène
internationale, des mouvements tels que #Occupy et #BringBackOurGirls, les
multiples manifestations des mouvements issus du Printemps Arabe, ainsi
que, sur un autre registre, certains autres groupes de type cyber-sectaire,
tel le Falun Gong, constituent des exemples probants de cette tendance. On
peut également penser à la mise en visibilité des luttes pour la
reconnaissance des communautés autochtones au Canada qui utilisent le
mot-clic #IdleNoMore, des populations afro-américaines avec
#BlackLivesMatter, ou encore des femmes qui, dans plusieurs pays,
investissent le web avec les mots-clics #MeToo ou #BalanceTonPorc.

Ainsi, divers groupes ou causes minoritaires et/ou marginalisés qui
souffraient jusqu’alors de quasi-invisibilité dans des arènes médiatiques
et politiques conventionnelles ont investi les médias socionumériques. De
fait, ces derniers permettent de constituer des communautés et des réseaux
d’intérêt de façon économique (Van Laer and Van Aelst, 2009 ; 2010) en
offrant à des internautes ayant des buts et des idéaux similaires ou
complémentaires, mais qui sont géographiquement dispersés, la possibilité
d’interagir de façon simple et rapide (Castells, 2012 ; Haggart, 2013 ;
Karpf, 2010 ; Uldam, 2013). Cette mobilisation de leurs supporters peut
s’accompagner du développement et du renforcement d’une identité nouvelle
basée sur des intérêts communs (Poell, Abdulla et al. 2016 ; Raynauld et
al., 2017).

Ces initiatives de mobilisation, qu’elles relèvent de luttes politiques,
sociales, identitaires, se caractérisent notamment par leur hybridité.
Elles sont en effet animées par des réseaux d’activistes décentralisés et
fragmentés se manifestant dans une multitude d’espaces physiques et une
diversité de dispositifs de communication numériques (Granjon et al.,
2017 ; Raynauld, Lalancette et al., 2016 ; Sedda 2015). Elles reposent
ainsi sur une forme d’activisme qui, le plus souvent, ne respecte pas les
formes de hiérarchie établies dans des organisations plus traditionnelles
(Bennett, Segerberg et al., 2014 ; Richaud, 2017).

Finalement, les médias socionumériques peuvent offrir aux réseaux militants
un plus grand contrôle sur la structure, le contenu et la circulation de
leur message puisqu’ils se situent en périphérie de la zone d’influence des
élites politiques et médiatiques établies (Uldam, 2013 ; Raynauld, Richez
et al., 2018). Dans certains cas, ils permettent de réduire la menace de
répression de la part des acteurs politiques dominants (Castells, 2012).
Enfin, ces médias socionumériques peuvent parfois agir comme levier et
exercer une pression sur les institutions plus traditionnelles, les
conduisant à effectuer des changements politiques (Fenton, 2016).

Néanmoins, les mobilisations en ligne sont souvent soupçonnées de favoriser
un engagement distant pouvant conduire leurs participants à délaisser des
formes plus coûteuses — mais plus efficaces — d’actions collectives en
face-à-face (Morozov, 2013) ou fondées sur des opérations directement
destinées aux médias de masse. Dès lors, même si l’action collective sur
Internet offre des avantages par rapport à celle menée dans la rue, la
légitimité de cette forme d’action comme ses effets politiques concrets
demeurent sujets à controverses (Halupka, 2014). En outre, étudier ce type
de mobilisation représente un défi méthodologique particulier. Puisque les
groupes se mobilisent en ligne et hors ligne simultanément, il est souvent
difficile d’isoler les effets précis de leurs différentes actions.
Parallèlement, il faut noter que les études s’intéressent massivement au
réseau social Twitter au détriment d’autres plateformes du web qui peuvent
également constituer des lieux d’élaboration et de coordination des
contestations.
Axes <https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom1n2>

Ce numéro thématique propose une analyse examinant trois axes des pratiques
numériques de communication et d’engagement politique animant différents
mouvements, qu’elles aient un objectif économique, identitaire ou social.
Les coordinateur(trice)s de ce numéro thématique souhaitent mettre en
lumière comment les groupes minoritaires et/ou marginalisés prennent
avantage des médias socionumériques et si leurs usages diffèrent de ceux
qu’en font les groupes majoritaires.
Les effets internes de la contestation en ligne
<https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom2n1>

Ce numéro thématique se penche tout d’abord sur la structure et la
manifestation des initiatives de contestation en ligne. De manière plus
spécifique, il examine la manière avec laquelle les membres des groupes
minoritaires et/ou marginalisés utilisent les médias socionumériques afin
de faire circuler l’information politique de manière rapide et
multidirectionnelle (souvent en réaction à des développements sur la scène
politique), de mettre en branle et coordonner des actions politiques ayant
un impact ciblé ou plus large. Plusieurs aspects peuvent être affectés par
cette dynamique, dont la connaissance des enjeux civiques ou politiques des
membres du public, le degré de mobilisation politique, ainsi que
l’appartenance ou reconnaissance identitaire. Bien que plusieurs facettes
de cet axe aient fait l’objet d’études au cours des cinq dernières années
(e.g. Granjon et al., 2017 ; Raynauld, Lalancette et al., 2016 ; Raynauld,
Richez et al., 2018), des travaux complémentaires pourraient être
bénéfiques puisque la communication et l’engagement politique numérique
sont des domaines d’activité en constante évolution.
Impact des mouvements de contestation en ligne sur les élites sociales et
politiques <https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom2n2>

En second lieu, ce numéro thématique s’intéresse aux effets des mouvements
de contestation en ligne sur les dynamiques politiques formelles comme les
débats publics, les processus de formulation de politiques ainsi que les
autres pratiques de participation conventionnelle. Les actions fondées sur
les plateformes socionumériques peuvent-elles avoir un impact sur les
capacités des mouvements politiques de se faire entendre par les élites
sociales et politiques ainsi que d’influencer leurs prises de positions et
leur processus décisionnel ?

Contrairement au premier axe, très peu d’études ont été menées sur ce sujet
au cours des dernières années si on excepte l’étude de Freelon, McIlwain et
Clark (2018) qui proposent une évaluation quantitative de l’influence
politique des initiatives de contestation en ligne ayant une présence forte
sur les médias socionumériques, ou celle de McDonald, Nardi et Tomlinson
(2017) qui porte sur la réception par les politiciens des messages en ligne
provenant de citoyen(ne)s américain(e)s
Limites et problèmes liés à la contestation en ligne
<https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom2n3>

Finalement, le numéro thématique jette un regard critique sur les limites
et les problèmes potentiels des dynamiques de contestation en ligne pour
les groupes minoritaires et/ou marginalisés. Classiquement, certaines
personnes ne possèdent pas le savoir ou les aptitudes techniques
nécessaires pour les utiliser de manière efficace ou ne bénéficient pas des
outils techniques nécessaires ou d’un accès à Internet adéquat (Min, 2010).
Dès lors, se mobiliser en ligne, a fortiori si on fait partie d’un groupe
marginalisé, requiert-il des compétences spécifiques ? En quoi de telles
actions diffèrent-elles de celles déployées lors d’actions collectives plus
traditionnelles ? Participer en ligne conduit-il vraiment à délaisser des
modes d’action plus traditionnels ?

Les coordinateur(trice)s de ce numéro spécial sont intéressé(e)s à analyser
comment ces limites se concrétisent et si l’on peut chercher à les
dépasser. Il est à noter que l’étude de l’utilisation des médias
socionumériques à des fins d’engagement politique et civique et ses effets
sur les processus politiques font également face à des défis
méthodologiques, tel que démontré dans les travaux de Gonzales-Quijano
(2012) ainsi que dans un numéro de Réseaux portant sur le « Militantisme en
réseau » (2013).

L’équipe d’éditeur(trice)s qui sont basés dans ses institutions
universitaires au Canada, en France, ainsi qu’aux États-Unis est à la
recherche de chercheur(e)s souhaitant contribuer un texte s’inscrivant dans
les axes d’étude susmentionnés. Les études portant sur la mobilisation en
ligne, plus particulièrement sur des médias socionumériques (ex. :
Facebook, YouTube, Instagram) sont d’un intérêt particulier dans le cadre
de ce numéro spécial. En effet, peu de travaux ont été effectués sur ce
domaine de recherche jusqu’à présent. Nous sommes également intéressé(e)s
par des contributions comportant un terrain d’observation, tel des
entrevues ou une ethnographie participante. Enfin, nous recherchons des
études comparatives permettant l’identification et l’analyse des
différences et des similitudes entre les différents mouvements de
contestation en ligne.
Calendrier de réalisation
<https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom1n3>

   -

   Diffusion de l’appel à contributions : 3 Octobre 2018
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   Envoi des propositions d’articles (2 pages maximum)  : 15 Janvier 2019
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   Réponse d’acceptation ou de rejet des propositions : 14 Février 2019
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   Envoi des articles complets pour évaluation : 30 Mai 2019
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   Envoi des commentaires des évaluateurs : 15 Juillet 2019
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   Envoi des articles finaux corrigés : 1 Octobre 2019
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   Publication des articles en ligne : Novembre/Décembre 2019

Format des articles
<https://journals.openedition.org/terminal/3075#tocfrom1n4>

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   Format article : articles de 30.000 à 40.000 caractères (comité de
   lecture en double aveugle) ; voir les Consignes
   <https://journals.openedition.org/terminal/875> aux auteurs.
   -

   Format note de recherche ou de synthèse : revue de littérature.
   -

   Format témoignages d’acteurs : entretiens « thématisés ».

Les textes doivent être envoyés aux coordonnateurs de la thématique de ce
numéro Emmanuelle Richez <emmanuelle.richez at uwindsor.ca>, Stéphanie Wojcik
<stephanie.wojcik at u-pec.fr>, et Vincent Raynauld
<vincent_raynauld at emerson.edu>, ainsi qu’à la revue *Terminal* (
redaction at revue-terminal.org).

-- 
*Vincent Raynauld, Ph.D.*
Assistant Professor, Communication Studies, Emerson College
Affiliate Professor, Département de lettres et communication sociale, UQTR
Research Associate, Groupe de recherche en communication politique,
Université Laval
Member, Academic Advisory Board, Samara Canada
Member, Réseau DEL, Université Paris-Est Créteil
Collaborator, North American Cultural Diplomacy Initiative, Queen's
University
120 Boylston Street, Boston, MA, 02116-4624
Office Phone: 617.824.3891
Website: https://emerson.academia.edu/VincentRaynauld - Twitter: @VincentR
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